Jeudi matin, il est 09h00 j’arrive au bureau en cette belle journée de printemps. Après un café comme à l’accoutumée je me connecte et check ma boîte mail pour récupérer les contributions du comité de 10h30. A ma grande surprise, je constate qu’il me manque une contribution je contacte alors Richard par mail, le contributeur concerné, en lui écrivant ceci :
«Bonjour Richard,
Sauf erreur de notre part il ne nous semble pas avoir reçu ta contribution au comité de ce jour.
Peux-tu s’il te plaît nous la renvoyer ?
Merci d’avance.
Cordialement »
J’emploie en effet la première personne du pluriel car j’écris ce mail à partir d’une boîte aux lettres générique et nous sommes plusieurs (trois en l’occurrence) à consulter cette boîte et émettre des mails.
Je travaille dans un open space et juste en face de moi se trouve Bérengère, une interne, à quelques années de la retraite, aigrie par la vie. Bérengère est la personne dont il faut se méfier, qui n’a pas confiance en elle et n’inspire pas confiance non plus.
Richard me répond aussitôt sur ma boîte mail personnelle et me signale avoir déjà envoyé sa contribution en mettant en pièce jointe, une copie d’écran du mail expédié la veille ! je vérifie une nouvelle fois, regarde dans la corbeille mais ne trouve rien. A ce moment je sens dans mon champ de vision que Bérengère m’observe. Mes soupçons s’orientent doucement vers ma gentille collègue de bureau. Car elle n’en est pas à son premier
forfait…des emails que j’avais déjà préparés en brouillon avaient comme par magie une fois disparu durant la nuit. Bien entendu je n’ai pas la preuve formelle que c’est bien Bérengère l’auteur du méfait, mais tout porte à croire cela pour deux raisons principales :
- Bérengère est la seule habilitée à mettre à la corbeille des mails de la boite générique, personne d’autre n’a cette autorisation ;
- Lorsque je m’étais aperçu que mes mails avaient disparus du dossier brouillon j’avais réagi ce jour-là spontanément à voix haute en partageant sincèrement à mes collègues mon ponctuel désarroi et les impacts sur ma productivité. J’avais en effet passé du temps à préparer toutes ces trames et il ne me restait plus qu’à compléter par quelques données et à cliquer sur « envoyer ». A cause de cela je devais donc tout recommencer…
Ainsi, après avoir partagé ce point, la réaction de Bérengère était étrangement étrange… Elle n’eut aucune compassion pour moi, n’a pas marqué d’étonnement comme si elle était au courant. Elle s’est juste contentée de constater en lâchant un simple « ah… » et en me regardant avec un léger rictus sur le coin des lèvres révélant une certaine satisfaction personnelle.
Compte tenu de ce passif je n’ai pas commis la même erreur en ce jeudi de printemps et me suis contenu à l’intérieur en continuant à travailler comme si de rien n’était et avec le sourire.
Analyse
Mon absence de réaction extériorisée a eu pour conséquence magique l’arrêt de toute nuisance de ce type. Pourquoi ? Tout simplement parce que les personnes qui vous veulent du mal continueront à le faire tant qu’ils voient que cela fonctionne. Si leurs plans n’ont pas les effets désirés sur vous alors ils arrêteront tout simplement et choisiront une autre personne pour satisfaire leur désir profond de faire du mal aux autres.
Depuis ce jour et avec l’expérience, j’ai changé en tirant des leçons de ces événements. Je suis devenu beaucoup plus vigilant en réalisant des sauvegardes régulières de mon espace de travail en ligne, en copiant les mails les plus importants et surtout en ne partageant JAMAIS mes difficultés professionnelles aux collègues identifiés comme néfastes voire pire : toxiques. Je partage volontairement en effet uniquement des petites choses insignifiantes et triées sur le volet, juste qu’ils aient de quoi leur mettre sous la dent et ainsi me laisser tranquille.
Ce que j’ai appris : l’importance de la préparation psychologique
Lorsque vous partagez une difficulté personnelle à des individus, il est intéressant d’analyser leurs diverses réactions spontanées. Mais pour cela il faut y être préparé !
Dans le monde professionnel mais aussi dans la vie, il faut se préparer psychologiquement à toute éventualité. Bien entendu on ne peut pas tout prévoir mais il faut s’attendre à ce que des gens vous mentent, vous trahissent, vous utilisent…cela existe malheureusement.
Le simple fait de le savoir vous permettra de figurer parmi ceux qui sont préparés. Ne diton pas qu’un homme averti en vaut deux ? En vous préparant déjà juste psychologiquement vous éviterez de tomber dans les pièges tendus et vous serez plus serein(e).
Pour illustrer davantage l’aspect préparation, imaginez-vous en train de marcher sur le trottoir dans un quartier pavillonnaire que vous ne connaissez pas, vous parcourez la rue pendant que votre attention se porte sur l’architecture des diverses maisons aussi jolies les unes que les autres. Puis subitement en pleine évasion mentale aux abords d’une maison, un chien apparaît derrière le portail et vous aboie dessus ! Quelle serait votre réaction ? Vous serez très certainement surpris, peut être apeuré momentanément, votre réaction physique pourrait être de reculer, de faire un bond en arrière, les battements de votre coeur se seraient probablement accélérés…
Très bien.
Maintenant reprenons la même scène avec la même description à un détail près :
Imaginez-vous en train de marcher sur le trottoir dans un quartier pavillonnaire que vous ne connaissez pas, vous savez par connaissance qu’il y a souvent des chiens de garde devant les maisons qui aboient aux passants qui marcheraient trop près de leur territoire. Vous parcourez la rue pendant que votre attention se porte sur l’architecture des diverses maisons aussi jolies les unes que les autres. Puis subitement en pleine évasion mentale aux abords d’une maison, un chien apparaît derrière le portail et vous aboie dessus ! Quelle serait votre réaction ? Votre préparation psychologique vous préserve de toute surprise car vous avez anticipé ces aboiements, aucune peur ne peut donc vous atteindre suite à cet événement, vous continuerez à marcher droit sans vous écarter physiquement malgré les aboiements, les battements de votre coeur battent à un rythme normal…
Dans un environnement identifié comme hostile (ou du moins pas forcément bienveillant) essayons d’être le plus possible en état « alerte » ou « aware » (comme dirait JCVD) pour éviter les peaux de bananes que certaines âmes malintentionnées pourraient répandre généreusement sur notre parcours.
Bien à vous,
Ecrit par Ahmed